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Chapitre 5

Salut!

Alors je préfère l'annoncer là; mais je suis passé à un réçit à la troisième personne du singulier.

Pourquoi? Parce que je avais trouvé l'idée d'écrire de cette manière intéressante mais je me suis finalement rendu compte des problèmes que cela me posait et continuerait à me poser. Donc voilà ton chapitre, mais en mieux! (selon moi du moins...)

Cela faisait quinze minutes que la foule, bouche-bée par l’annonce, s’était mise lentement à paniquer. Seylan, loin d’être en reste, s’affolait aussi ; « Par Siratil, comment vais-je sortir de cette foutue ville ?! Soit je finis dans une armée, à aller me faire massacrer par des monstres pour un pays que je ne connais presque pas, soit… » pensa-t-il.

En un éclair, il se mit à courir, de toutes ses forces. Il fonçait vers l’auberge ; « je prends Stewball, mes affaires et je vais me cacher à Tigris ! Merlin est sûrement déjà à m’attendre devant la chambre… » Il n’était pas le seul à courir dans tous les sens, la population entière semblait se mouvoir dans le désordre d’une cohue affolée. Certains s’en réjouissaient, d’autres pleuraient déjà. « La guerre sera enfin finie après ça ! » « Il faut venger le Roi ! » Tout cela n’avait aucun sens.

Arrivé à la « Taverne du Rat veilleur », il se précipita dans sa chambre, s’empara de son sac et ressortit sans croiser personne. Merlin n’était plus là, ses affaires non-plus ceci dit. Seylan sortit en trombe de l’auberge, il ré-attela Stewball à la charrette, monta et fit claquer le fouet. Il dirigea à travers la foule mouvante l’attelage en direction la sortie nord de la ville, suivant la route qu’il avait empruntée la veille. Il se posait mille questions à la fois, il était nerveux, tendu.

Il finit par arriver non-loin de la porte nord, mais ce qu’il vit devant lui fit un frisson dans le dos : des dizaines de gardes devant la porte, et au moins autant de personnes bloquées par eux. Certains criaient qu’ils n’en avaient pas le droit, d’autres se tenaient prêts à foncer dans le tas… le chaos régnait de partout à Lousonna. Dans un élan de lucidité, il détourna Stewball et continua sur la route se dirigeant vers le château. Il s’arrêta dès qu’il ne fut plus en vue de la porte et se posa pour réfléchir. Il savait parfaitement que les bougres implorant les gardes devant la grande porte ne récolteraient rien d’autre que des problèmes. Il allait abandonner la carriole quelque part, attendre la nuit, et passer par-dessus la muraille de la porte en escaladant le flanc de la montagne et redescendre sur la route. Il était sur la route, à sa gauche se trouvait la falaise qui montait vers l’arrière de la tour principale, et à sa droite… se jetait dans le vide son regard contemplant le Lac du château. La grande surface d’eau calme n’était habitée qu’à sa pointe sud, le reste du lac s’enfonçait dans une épaisse forêt sauvage, inutilisée par la ville. Seylan n’était qu’à quelques mètres seulement de la falaise dont les parois abruptes plongeaient à la verticale dans le lac. Il dés-attela Stewball, sortit de la charrette ce qui pouvait encore servir ; sa gourde en peau, la carte donnée par Merlin, son bâton de marche, quelques vivres. Il enfourna dans sa sacoche ce qu’il pouvait, posa sa canne de fortune au sol et éloigna son destrier. Il poussa la carriole dans le rien, la vit piquer durant quelques secondes et elle termina en même temps sa chute et sa mission, désormais accomplie, dans un grand fracas dans les eaux profondes de la grande mare. Se sentant à ce moment comme dénudé, Seylan monta fissa sur Stewball et repartit en arrière. Il suivit la route durant quelques instants et dévia vers les petits bois en abord du flanc de la montagne. Discrètement, caché parmi les buissons et les arbres, il s’assit enfin. Mais le calme n’était pas revenu, en fait, il ne revint dans la capitale que plusieurs mois après l’incident. Seylan avait toujours autant d’interrogations qui lui trottaient dans l’esprit, son plan était-il fiable ? Merlin avait-il put sortir de la ville ? Que se passerait-il s’il se faisait attraper ? C’est donc dans l’incertitude et le stress qu’il patienta une heure, deux heures, trois heures, jusqu’à ce que la nuit fut si bien installée que l’on ne vit plus personne sur les routes en bordure de ville.

C’est là qu’il commença son ascension, tirant Stewball, il faisait tout pour se faire petit. Après plusieurs minutes de montée, il vit enfin qu’il avait dépassé la hauteur des murailles, en effet, la tour des gardes paraissait pleine de vie, les lumières traversaient les carreaux des fenêtres, on pouvait entendre le bruit des soldats riant et buvant. Personne sur le mur, personne devant la porte, étrange… il arrêta de monter et longea simplement la pente. Une fois au niveau de la porte, il ne daigna même plus y jeter un coup d’œil, il monta sur Stewball et le mit au pas, lent et feutré. Il était enfin sorti de la ville ! Le cheval accéléra, il commençait à descendre de la montagne tout en avançant toujours tout droit.

- « Qui va là ?! »

Le sang de Seylan ne fit qu’un tour. Il fit claquer son fouet rapidement, comme par réflexe et Stewball partit au quart de tour. Il dévala la pente tel un forcené et s’engagea sur la route de terre.

Le dernier souvenir de Seylan fut qu’il avait le visage collé au sol, incapable de bouger, et que tous ce qu’il pouvait voir était Stewball, gisant lui aussi sur le sol, un carreaux d’arbalète l’avait touché dans la patte arrière…

 

Il avait mal au dos, le sol était dur et froid comme de la pierre, en fait, s’en était. Il ouvrit lentement les yeux car il lui semblait entendre des gens gémir, ou parler à voix basse. Il lui fallut bien trente secondes pour enfin comprendre qu’il était dans une cellule, entouré d’autres malchanceux. Il était à moitié assis dans le fond d’une toute petite pièce dont le sol, les murs et le plafond étaient comme creusés directement dans la roche. Trois autres hommes étaient aussi couchés là, l’un se plaignait de sa douleur à la jambe, un autre, accroché aux barreaux, répétait sans cesse à un interlocuteur invisible qu’il devait sortir, qu’il y avait erreur. Le dernier dormait, paisiblement, un sourire béat sur la bouche, sa chemise était en trop bon état en comparaison au reste de son habillage. Seylan voyait qu’il ne lui restait que ses habits, le reste avait disparu, le cheval aussi… n’osant rien dire ni faire, il se rendormit à moitié en s’évanouissant.

- « Debout tout’l’monde ! Prêts à partir ! » gueula une voix forte devant la pièce, elle s’adressait en réalité à toutes les cellules donnant sur le maigre couloir. Seylan se réveilla d’un coup, surpris et ankylosé. Les gardes ouvrèrent toutes les grilles, et ce ne furent pas moins de cinquante gaillards qui se suivaient en file-indienne. Ils avaient tous la mine déconfite, aucun ne souriait, sauf toujours celui qui dormait. On les fit sortir et s’aligner dans une grande cour en terre battue ; entourée de hauts murs, de tours de gardes, la seule entrée et sortie de la cour était une grande grille dans la tour principale. Dans un coin, l’écurie, avec quelques destriers était dans un piteux état, les planches pourries et sombres ne rendaient pas l’endroit plus accueillant. Ils étaient alignés, cinquante hommes de tout âge sur une ligne droite pendant qu’un grand bonhomme taillé comme une armoire les regardait chacun un-à-un avec un air de mépris auquel des fugitif capturés pourraient s’attendre. Il n’avait cependant pas une attitude prônant la méchanceté, plus la fatigue. Il avait la mine dure, et malgré son gabarit de colosse, personne n’eut réellement peur de lui. Il s’arrêta devant la rangée, et cria.

- « Vous avez ici tous tentés de partir de cette ville alors que votre présence a été sollicitée par notre chère reine. Vous l’apprendrez vite sous mon commandement, un ordre, ça ne se discute pas ! Je suis le Commandant Mouette, et j’ai le droit de vie ou de mort sur vous ; alors vous parlerez quand je vous le dirai et seulement là. Vous ferez partie des éclaireurs lors de notre prochain assaut sur les Ovides, c’est évident que ceux qui fuient se retrouvent au pire des postes ! » Le reste de la journée fut dédié au rangement de l’endroit et aux informations données à la chaîne. Seylan et ses quo-détenus allaient être envoyés en première ligne contre les Ovides dans la bataille de reconquête de Wallce. Le roi Otarie avait perdu la ville lors de sa dernière campagne, il ne restait presque plus rien de l’armée de Lousonna, ceux qui n’avaient pas prit la fuite ont disparus, présumés morts, personne n’alla à leur recherche. Mais Seylan n’écoutait que d’une oreille, et inattentive de surcroît. Il était encore plus perdu, il avait échoué, il ne reverrait sûrement plus jamais Stewball ou ses parents restés au pays, se disait-il. Et ce fut sans motivation, aucune, comme les autres d’ailleurs, qu’il suivit les prochains jours, ne retenant que l’important. La fuite n’était même plus une option, la forteresse était bien gardée, et personne n’aurait de pitié devant un autre fuyard ici.

D’après le commandant Mouette, les Ovides étaient quelques milliers, un peuple d’hommes-animaux terrifiants, se nourrissant de chaire humaine et descendant des chimères, créatures infâmes sorties de l’Outremonde au début du monde. D’autres fuyards se disaient entre-eux durant les pauses que ces monstres étaient invincibles, certains se seraient même cachés parmi les hommes. « Rien de joyeux en tout cas… » se disait Seylan. On les avait stockés dans ce qui semblait être un vieux fort, et c’était bien le cas, L’Ancienne Caserne se trouvait dans la pointe sud de Lousonna, c’était un antique bâtiment qui avait dû servir une armée d’il y a fort longtemps. L’endroit parfait pour les rebuts. On commença donc à les entraîner, aux armes de base, à l’équitation, catégorie dans laquelle Seylan excellait depuis sa tendre enfance. Mais Stewball n’était pas sa monture… C’est une semaine plus tard seulement qu’il se passa enfin quelque chose.

Ce matin là, en sortant de l’écurie, « Le Niais » l’appela, c’était son surnom puisqu’il n’avait pas voulu donner son véritable nom, et le sourir qu’il arborait en tout temps avait de quoi dérouter.

- « Seylanne ! Viens voir, il faut que j’te montre un machin. » il était adossé au mur de l’enceinte, l’air satisfait, comme toujours, mais il avait le visage d’un enfant très fier de sa découverte.

- « Il m’a dit de t’appeler. » et le Niais partit sans donner d’explication, laissant le bougre dans l’incompréhension la plus totale. Il allait s’en retourner aussi à ses pénibles tâches quand il entendit un chuchotement venant du mur « Seylan, Seylan ! » « Hein ? Qui est là ? » il scruta attentivement la parois délabrée et remarqua soudainement un œil, le fixant depuis une petite crevasse entre deux pierres :

- « C’est moi, Zakari ! C’est bien toi ? »

- « Oui ! Ils m’ont pris ! Aide-moi à sortir ! »

- « Merci Siratil, je l’ai retrouvé ! C’est impossible, jamais je ne pourrais le faire seul ! Mais tiens, je dois te donner ça de la part de tes parents... » Seylan fut choqué, ses parents ? Zakari lui passa une petite lettre froissée par le trou. « Je dois repartir, Seylan. Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer. Stewball est chez moi, je l’ai racheté à la garde, je n’allais pas laisser le cheval de mon ancien frère d’armes se faire tuer. Toi, reste ici, tu es plus en sécurité ici que dehors… » il disparut. « Zakari ? Oh ! Explique-moi ! »

Mais rien ni personne ne lui répondit. Il remarqua, en la saisissant, qu’il y avait un petit objet dur dans l’enveloppe en plus de la lettre pliée, un petit disque plat et inégal. Il enfonça le papier dans sa poche, se disant qu’il ne pouvait l’ouvrir que plus tard, il ne pouvait risquer de se la faire confisquer par Mouette. Il retourna au travail mais l’idée que les paroles de ses géniteurs qu’il n’avait pas vu depuis si longtemps étaient à portée de main le perturbait au plus haut point. Que pouvaient-ils bien vouloir lui dire ? Mais il tint bon, il alla la ranger dans ses affaires sous son lit à la pause, il la lirait le soir même.

Mais ce ne fut pas ce qu’il advint. Durant l’après-midi, de retour dans l’écurie, il avait reçu comme tâche de la ranger et de prendre soin des chevaux puisqu’il s’en sortait si bien avec ces bêtes. Tout d’un coup, sortant de nulle-part, une petite chouette passa par la fenêtre et vint se poser juste devant Seylan. Elle ouvrit son minuscule bec et en laissa tomber ce qu’elle tenait ; un parchemin scellé à la cire. « C’est quoi cette journée bizarre ? D’abord Zakari, maintenant un hibou ? » Seylan commençait à trouver toutes ces choses d’un étrange sans nom. Il se pencha pour la ramasser mais c’est en se relevant que ça le frappa, la chouette avait disparue en une fraction de secondes quand il ne regardait pas. Elle était repartie aussi vite qu’elle était apparue. Il regarda le rouleau, dessus en grandes lettres dorées était marqué ; A Seylan Reise de la part de Alexius Grigoris.

« Par Siratil, c’est qui ça ? » Il était presque exaspéré de ne jamais comprendre ce qui lui arrivait, il n’était même plus surpris. Il fit sauter la cire et déroula la feuille ; ce qu’il y découvrit le déconcerta encore plus ;

 

Mon cher Seylan, je n’ai pas beaucoup de temps alors je serai bref. Je suis actuellement en mission et je pense que je pourrai avoir besoin de toi plus tard, je veux te donner un rendez-vous, si tu l’accepte. Je suis absolument navré pour ce qui est arrivé à ta famille, sincèrement. Etant trop loin pour pouvoir te contacter normalement, je n’ai que pu t’envoyer la Chouette, mais sache que je suis de tout coeur avec toi.

Retrouve-moi à Mare, c’est un petit village, au nord-ouest au-delà des lignes Ovides, dans précisément quatre mois à partir d’aujourd’hui. J’aurai alors une mission pour toi de la plus haute importance. Si tu n’es pas là à ce moment, je considérerai que tu auras trouvé mieux à faire.

Que Galimée surveille tes pas !

Merlin---

Alexius Grigori Merlin

 

Seylan eut le souffle coupé pendant quelques secondes…

- « Comment-ça ’’navré’’ ?! » Une colère rouge lui piqua le visage, il avait chaud tout d’un coup. Il se rua hors de l’écurie, courant comme jamais, il devait lire la première lettre maintenant ! Il arriva, haletant dans la chambre commune, la tête rouge, il ne se maîtrisait plus. Il fouilla sous son lit, et le pire qui pouvait encore arriver, arriva :

 

La lettre avait disparue.

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