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Chapitre 1

      Vous êtes un marchand itinérant sur le chemin vers la capitale des Landes de Montbenon. Votre fier canasson commence à fatiguer en même temps que la lumière du jour. La lourde charrette, remplie d’objets, de fourrures et d’autres bien à vendre, tremble sur le chemin rocailleux qui sillonne entre les champs de blé, balayés par le vent des soirs de la saison chaude.

La longue journée vous ayant moissonné dos et énergie, vous décidez de vous arrêter pour la nuit dans une petite bicoque qui porte dignement l’insigne :

L’AUBERGE DU THYLACINE FRINGUANT.

Vous attachez votre destrier dans l’étable et vous entrez. A l’intérieur, une cheminée craquante, quelques tables, une atmosphère apaisante et le tenancier, adossé au bar. Il n’y a pas grand monde ; seuls quelques voyageurs ivres de fatigue discutent et un chat roux qui se repose près du feu.

Vous vous asseyez à une table en face du comptoir, le tenancier arrive et vous propose le repas du soir. Vous acceptez et demandez une chambre pour la nuit.

La soupe est bonne et le pain riche en céréales.

Vous profitez du calme inhérent à cette pièce. Vous laissez votre regard se porter dans le vide de vos pensées. Mélancoliques et gravés dans le marbre, vos souvenirs de l’année qui est passée surgissent et vous laissent un goût d’aventure en bouche. Que va-t-il encore m’arriver cette fois-ci ? Que trouverai-je à la fin du voyage ? Le voyage aura-t-il donc une fin ?

Le flot de vos pensées est alors brusquement arrêté par un homme qui vient prendre place à votre table. Il porte une longue barbe sombre et un long manteau. Il semble animé du curiosité et d’une avidité de partage de connaissances que vous cernez à ses premiers mots :

   « Vous n’êtes pas d’ici pas vrai ? » dit-il en vous fixant du regards.

« Non en effet, j’ai passé la frontière ce matin-même. » vous soutenez son œil pesant.

   « Je suis prêt à parier que vous allez à la capitale, je me trompe ? »

« Non »

   « Que savez vous donc de notre beau pays ? »

« Rien je l’avoue. Et si je ne me trompe pas non-plus, vous n’êtes pas venu parler de tartes, n’est-ce pas ? »

   « Une autre fois peut-être mais pas aujourd’hui, non. Parlons plutôt de ce que vous ignorez de ces terres » dit-il. « Tavernier, un pichet de votre meilleure cru! »

 

L’homme grogne quelques mots et amène un magnifique pot qu’il pose doucement sur la table. Il pose deux verres et reprend votre assiette vide et la cuillère. Le conteur rempli les coupes en terre-cuite du liquide et lève son verre.

   « Santé ! »

« Qu’est-ce que c’est ? » vous haussez un sourcil d’incompréhension.

   « On va avoir du travail ! » s’exclame-t-il d’une voix forte en riant. « C’est de la Bergamote, une boisson locale. »

 

Vous portez votre verre à vos lèvre. La chaleur de la journée part d’un coup se réfugier dans la sombre nuit. Vous avez l’impression que le breuvage refroidit tout votre corps fatigué pour lui redonner un jeunesse rafraîchissante. Le conteur reprend pendant que vous vous préparez à écouter son histoire.

   « Je ne vous conterai que le plus important pour l’instant. Les Landes de Montbenon sont séparées en 9 régions chacune séparée en plus petits districts, chaque région a ses raisons, ses croyances et ses attributs. Chacune est différente des 8 autres, chacune a ces spécialités.

Vous êtes ici dans la région de Perceval, dans le district de Puma. Au nord se trouve celui de Vautour et à l’est celui de Lynx. Les districts ont quelques différences mineures entre elles mais se respectent en dépit de cela. Les 9 régions sont en réalité 8 avec Le château de Montbenon dans lequel résident les rois et les hauts placés. En somme, 8 régions et un gouvernement juste et rigoureux à leur tête pour les gouverner tous. A la tête du pays, nous avons actuellement le roi Otarie et son bras-droit Goupil. Il n’y a pas que le château dans cette région, il y a aussi la capitale, Lousonna !

Enfin… vous verrez bien le reste par vous-même, vous semblez aimer l’aventure ! Je vais aller dormir dans ma chambre. Si l’on ne se revoit pas demain, je vous souhaite un excellent voyage. »

« Merci... pareillement. »

 

Il vous sert la main gauche, vous tourne le dos et se dirige vers l’escalier.

« Attendez ! » vous l’arrêtez « Comment vous appellerai-je quand je conterai mon récit

à d’autres ? »

   « Merlin !»

***

 

La nuit est fraîche, trop fraîche même, la journée ardente n’a pas eut le temps de réchauffer la chambre. La fenêtre grince, ferme mal, laisse entrer le vent nocturne. Roulé dans vos habits et

la fine couverture miteuse, vous êtes engourdi, vous tentez de restituer les paroles de l’historien.

Une goutte, une autre, encore une, une énième goutte vient frapper le toit en tuiles mal arrangées. Ensemble, elles viennent former un petit ruisseau qui alors à son tour vient perler sur le bord de la vitre bossue. Le ruisseau devient rivière, puis fleuve, puis torrent. Le sommeil salvateur arrive comme monté sur son cheval blanc et vous dépose lentement dans un monde que vous ne connaissez que trop bien.

Vous passez le reste de la nuit à rêver du jour qui vient.

 

***

 

Le réveil est dur, le matelas l’a été aussi. Vous vous hâtez de faire le lit, ouvrir la fenêtre que

de toute façon vous n’aviez réussi qu’à faire grincer le soir d’avant, et vous partez. L’escalier craque sous votre démarche pourtant autant discrète que possible. Vous lâchez un pourboire sur le comptoir et vous apprêtez à aller sceller votre cheval quand :

« Attendez, monsieur ! » c’est le tavernier qui vous rattrape, encore en chemise de nuit « Le Monsieur de hier soir, m’a demandé de vous remettre cela en mains propres avant votre départ, tenez. » il vous tend un très beau parchemin roulé. Vous le dépliez, lâchez un petit sourire et rangez la carte dans votre sacoche en cuir.

Vous le remerciez d’un coup de tête et sortez. Votre canasson semble remit de l’éprouvante veille, vous attelez la charrette et vous mettez sur le départ. Le sol est trempé de la nuit mais le soleil est revenu, battant les lourds nuages de minuit.

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